The purge reste une saga intéressante
qui a su surfer sur un modèle de SF réaliste,
mais sans pour autant toujours trouver le ton juste ; avant
de s'écraser dans un prequel inutile.
Ce 5ème opus se penche sur les années post-Trump
(ce que le précédent se refusait bêtement
à faire...) et plus particulièrement sur le phénomène
de l'immigration aux USA : cette nouvelle purge se déroulera
dans la campagne profonde du sud américain, avec ses
effluves de racisme quotidien, le problème de l'intégration
des immigrés mexicains, les différences abyssales
entre les plus pauvres et les plus riches, les blancs et les
minorités, les différences de chances, de traitement,
notamment policier... Le tout en nuancant les rôles de
chacun.
Et American nightmare 5 s'avère être
un vrai et inattendu petit miracle : on y trouve des dialogues
beaucoup plus profonds et fins qu'usuellement, amenant un constat
qui n'a rien de science-fictionnel ; les USA sont en proie à
une nouvelle ère de haine, à un racisme endémique
et ancré, comme s'ils étaient rattrapés
par une idéologie poisseuse qui courrait depuis longtemps
tout au long de leur histoire récente. La purge devient
d'ailleurs doublement hideuse en laissant le racisme s'octroyer
une journée de légitimité ; et ce qui devait
arriver, arriva, pourrait-on dire.
American nightmare 5 pointe du doigt et appuie
là où ça fait mal, le film réussit
ce que la saga a partiellement raté : trouver une légitimité,
une parabole sociétale, une logique réaliste et
cette crédibilité qui faisait souvent défaut
aux autres opus (enfin !). Sans même parler de l'ironie
grinçante au beau milieu du film : le Mexique acceptant
d'ouvrir ses frontières aux migrants américains
!! Même le rôle nocif des réseaux sociaux
est souligné.
Il lui manque cependant un grand réalisateur inspiré
et à même de lui insuffler une autre dimension
; visuellement le film ne se démarque jamais et c'est
dommage. De même qu'il parait baisser sa garde sur sa
dernière demi-heure en faveur d'un western hybride un
peu plat et au final trop conventionel. Mais après 5
épisodes, on n'en demandait même pas tant !
NOTE : 15-16 / 20