Un film social et horrifique.
Ce ne sont pourtant pas les premières séquences
qui nous encouragent à aimer ce Antlers (no
comment sur le titre français...), malgré une
cinématographie grise-brune, totalement dépressive.
Puis les personnages torturés s'installent, se découvrent
et font leur chemin : tout particulièrement cet enfant
atypique, anémique, renfermé, différent,
un rien étrange, et au lourd secret. Un enfant qui vit
dans ce genre de bourgade américaine dont on semble ne
jamais pouvoir s'échapper.
Les premières scènes paraissent nous renvoyer
à l'introduction de Phenomena,
et cette œuvre nous parle de maltraitance infantile, de
violences familiales : avec, au centre, ce père littéralement
transformé en un monstre, cannibale, se nourrissant littéralement
des autres, de leur peur, de leurs chairs -et pourtant doté
d'un faux côté protecteur, à la fois mortel,
auquel le titre fait assurément référence-,
être représentant ce Mal absolu, doté d'une
seule "lueur" en lui ; ce démon finit même
par ne plus que porter qu'un masque d'humanité, seul
lien avec son passé d'homme, seul lien avec celui qui
fut père... Et la puissante symbolique de la dernière
scène n'est pas des moindres (la reproduction du schéma
familial) autant que le choix du métier exercé
par l'héroïne : une enseignante, de celle qui sont
souvent en première ligne quant à dénoncer
les exactions des familles.
Antlers ne bénéficie cependant
pas d'une réalisation d'exception et on retrouvera quelques
tics inhérents au genre (les dessins par exemple), sur
la forme et sur le fond, le scénario manquant d'arrondir
quelques angles. Mais ce nouveau "monstre" entrera
directement dans le Hall of fame du bestiaire fantastique tant
sa puissance et sa raison d'être en font une créature
immonde et pourtant si proche de nous. Le propre du cinéma
fantastique.