Trahison haute ou trahison basse ? En me rendant voir Wolverine
j'étais persuadé de retrouver le personnage découvert
avec émerveillement dans les première minutes
de X-men : un homme solitaire, sombre
dans un paysage aussi froid que lui... peine perdue, et la déception
ne fait que commencer. Car l'empire Marvel a décidé
de changer en trop grande partie son personnage fétiche
pour des raisons évidentes : dans son enfance (qui aurait
pu être plus développée), le personnage
féminin de Rose est abusivement remplacé par Victor
(dont les origines n'avaient jamais été dévoilé
dans le comics, ce qui pourrait être intéressant),
les pertes de mémoires de Wolverine sont zappées
et transposées à la fin du film de façon
complètement ridicule, on oublie la Divison Alpha et
les origines du nom "Wolverine" sont réinventées
(etc... etc...) ; mais tout cela pourrait être considéré
-avec de nombreux efforts de la part des fans !- comme une relecture
du personnage... Par contre, la nature fondamentale de Wolverine
n'est en rien rendue : ce n'est plus le vagabond et l'aventurier
que l'on connait mais un homme radieux et fleur bleue, son cynisme
me parait bien fade, sa violence toute relative, son ambivalence
complètement effacée. Pourquoi ? Parce qu'il fallait
plaire au plus grand nombre, parce que Wolverine devient volontaire
pour l'expérience et que celle-ci, vite torchée,
ne le rend pas haineux comme il se devrait. D'où un film
pas totalement mauvais au final, mais on y reviendra, mais qui
parait édulcoré (pas de violence : J. Wraith meurt
éventré à la Nouvelle-Orléans pas
Sabretooth, son corps n'a pas une goutte de sang dans les plans
suivants ; idem lorsque Logan ne voit pas la supercherie, moteur
du twist). Du côté de la cinématographie
pure, le scénario a bien du mal à terminer ses
scènes : souvent convenues, molles et peu convaincantes
; alors on compense avec de l'action XXL un peu trop appuyée.
Et puis Gavin Hood n'est pas complètement à l'aise
avec les scènes d'action, il ne se libère pas
complètement, comme écrasé par le projet
et son ampleur. Bref : entre un personnage bien bouleversé
dans ses fondements, quelques effets de scénario chiches,
on pourra voir ce film comme un gros divertissement, avec une
toute autre histoire : Stryker correspond à l'univers
Marvel, l'expérience Deadpool revue par les scénaristes
est plutôt alléchante, le twist fonctionne et on
retrouve les grands moments de la vie de Wolverine -son époque,
son vrai père, qui lui a donné son nouveau nom,
la querelle qui l'a lancé sur les routes, ses guerres
(+ celle de Sécession !), sa haine envers Sabretooth,
sa transformation, sa rencontre avec le couple Hudson -bien
malmené quand même !-...etc), on a plaisir à
voir le Blob (plus issu d'un cirque ambulant que de Las Vegas,
mais bon...). Il vaut mieux aborder ce film en n'étant
absolument pas fan, l'esprit libre de toutes comparaisons...
auquel cas il est peut-être agréable de voir ce
film autrement... autrement qu'un remix sans doute trop "audacieux".
NOTE : 8-9 / 20