Faire suite à un chef-d'œuvre, près de
40 ans après sa réalisation... Trop éloigné
temporellement pour les fans, sortant carrément de nulle
part pour les non initiés, trop suspicieux pour les cinéphiles.
Doctor Sleep (que je ne connaissais pas) est
un prolongement de l'univers de Shining, suite qui parait de
prime abord assez artificiellement raccordée, pour ne
pas dire opposée à bien des égards : tape
à l'oeil quand l'original jouait la carte de la pure
sobriété, multipliant les personnages plutôt
que de rester enfermé dans la cellule familiale, ouvert
sur le monde et jamais claustrophobique (ou seulement à
la fin) ; Doctor Sleep abandonne aux préceptes
simples un gropuscule sauvage, obscur et space qui se shoot
aux... macchabées ! J'ai rapidement eu envie de le voir
comme un film "autre" et ne pas verser dans des comparaisons
pour le moins désavantageuses. Sauf que cette suite n'a
pas que le défaut de ne point être digne du chef-d'oeuvre
originel : scénarisé à la hache, il nous
laisse de marbre faute de se concentrer sur son intrigue, accumulant
des scènes en équilibre entre le WFT et une originalité
garantie. Si, en contrepartie il y a un vrai développement
des personnages, une photo qui atteint parfois sublime, voir
les prémisses d'une réflexion autour de la mort,
ce nouvel opus est à la fois poussif et profondément
différent, n'usant pas forcément du traitement
adéquat à la "saga". Allant, sur la
fin, jusqu'à verser dans une certaine forme de classicisme
ennuyeux et nous laissant sur notre faim quant à connaître
plus en avant ces erzats de vampires ; car il faut bien dire
qu'ils en sont la copie conforme. Et sa conclusion en forme
de clin d'oeil trop appuyé ne m'a absolument pas convaincu.
N'est pas Kubrick qui veut, même si l'auteur nous avait
montré tout son génie à l'occasion de l'exceptionnelle
série "The haunting of Hill House" : il semble
ici engoncé, à l'étroit dans cette production,
incapable d'exprimer le quart de son talent.
NOTE : 10-11 / 20