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Chronicle

Josh TRANK
(15-16)

L'intro nous présentant de banals personnages de college movies pouvait laisser envisager le pire... alors qu'il faut mettre tout cela en parallèle avec le développement futur de l'histoire : imaginer que le plus banal des lycéens s'empare d'un pouvoir extraordinaire, lui donnant justement tout pouvoir, que ferait-il ? Dominer le monde ? S'attaquer à tous les bad guys qui le pollue ? Non : il s'amuserait de son pouvoir comme tout adolescent de son âge avant même de pouvoir le maitriser totalement, par conséquent il déraperait, frôlerait le drame et mettrait par conséquent des gardes-fous pour ne plus se faire ; mais il ne comprendrait pas forcément que ce pouvoir physique se doit d'être avant tout contrôlé mentalement. Le plus banal des quidams jouerait de cette nouvelle puissance en rapport à sa personnalité, son vécu, son histoire et tout deviendrait simple question d'ego ; ce film est complètement passionnant à démontrer qu'un être fragile qui soudain peut maitriser son destin sombre dans une ivresse de pouvoir, son éducation déteignant sur ces actes (son père est violent, alors il devient violent), son statut de "héros", à la fois de son propre film tout comme de "Chronicle", se pervertissant en celui de "méchant", où plutôt d'être humain pétant un cable après la mort d'un être cher, libéré de tout ce qui avait été une contrainte pour lui auparavent. Et vice et versa avec son compère. Le film a l'intelligence extrême d'adapter le scénario, sa trame, son évolution, à la personnalité de chacun des personnages, et c'est une chose aussi rare que brillante. Ce film va concentrer sur 1h30 l'apprentissage de ces ados (soit les 1ères minutes du Spider-man de Raimi), non pas avec le réalisme qui va souvent avec ce type de production à petit budget, mais avec un naturel déconcertant, troublant, qui va nous prendre à la gorge et ne plus nous lâcher : et le réalisateur est particulièrement génial, de par son sens inné de l'ellipse (le montage va dans le sens de l'histoire, pas dans celui des spectateurs, il ne montre que ce que le héros voit) et son habileté à trouver un angle réaliste à filmer ces chroniques, à s'éclipser derrière son film comme aucun des réalisateurs de la saga "Paranormal activity" n'a jamais su le faire. Ce film n'est plus de la simple fantasy marvelienne (excellente en général, je le rappelle !) mais un véritable drame humain, centré sur les personnages, un drame très fort et vraiment puissant qui trouve son point d'orgue lors d'une bataille finale ahurissante, vécue de l'intérieure comme rarement, car brouillonne, à peine pensée et d'autant plus crédible, douloureuse et percutante. Si ce film prend aux tripes ce n'est pas essentiellement dû à la grande qualité de ses SPFX (12 M$ ?!?!?!) mais bien grâce à sa pertinence et au choix savant de faire évoluer ses personnages avec une réelle réflexion ; et de rester tout du long au plus près d'eux.