Un film d'aventure décérébré...
Il faut déjà se dire que, si vous avez eu le plasir
de voir l'excellent
original, vous
serez en terrain connu. Sinon... vous serez également en
terrain connu (preuve en est la scène de la méduse,
parfait symbole d'un film qui ne renouvèle pas le mythe,
ne surprend pas et ne va jamais en profondeur) ; un véritable
retour dans les 80's ! Un film à 200 % visuel qui n'a pas
grand chose à dire. Car le scénario est à
demi-aveugle, sans grandes idées, fonctionnant avec des
personnages translucides et guère attachants, manquant
cruellement d'une teinte de psychologie et par conséquent
d'une froideur déplaisante. Pas un brin se suspens (et
oui : le héros gagne et les seconds rôles se font
tanner sans émotion ; même le final répondra
aux exigences hollywoodiennes après nous avoir fait croire
le contraire... pas très longtemps). A propos des personnages,
même s'il est servi par un rôle fadasse, il faut bien
dire à propos de S. Worthington que l'on a guère
qu'une envie durant toute la durée du film : lui botter
les fesses pour qu'il sorte enfin de ses gonds, qu'il mette ses
tripes sur l'écran et cesse de se cacher derrière
un visage renfermé ; le comble pour un acteur. Mettons
les choses au clair : il manque à ce film de vrais dialogues
construits qui font avancer le scénario au-delà
de sa trame, des scènes plus posées afin de pouvoir
mieux rentrer dans l'action, afin de remplir les "vides"
laissés par les scènes de bastons. Mais il n'y a
pas que des points négatifs : la musique est terriblement
originale et les choix thématiques assez fins (notamment
lors des combats avec le père floué et défiguré),
les effets spéciaux en mettent plein la vue jusqu'à
un final qui tient ses promesses (un Kraken excitant et destructif),
un Leterrier qui livre un travail propre, à hauteur d'homme
et sait immerger le spectateur dans son spectacle ; un spectacle
comme un alignement de scènes d'action, non-stops, fiévreuses,
magnifiées par des décors qui collent au sujet.
Il en restera des images, un peu vides, assez creuses, comme la
traversée du Styx, les fameux scorpions géants,
l'antre de la méduse, la chute partielle de Argos. Encore
une oeuvre qui va trop vite, bien trop vite en besogne, ne se
sert pas du formidable potentiel dramatique de son sujet (à
peine effleuré : un demi-Dieu, fruit d'un viol), de ses
personnages forts (les liens qui unissent Persée et Io
ne feront l'objet que d'une seule scène "intense",
les Dieux resteront des personnages fades) et de son sujet joliment
mythologique (qui ne sera finalement jamais l'objet, depuis le
générique, que de résumés inconsistants
; une simple toile de fond pour servir les images)... Je trouve
l'original beaucoup plus sincère. Dernier point faible,
et non des moindres : c'est lors du générique final
que j'ai réalisé avoir visionné un film en
3D (enfin... converti) ; du vol organisé.