En Italie, Maria Montessori dirige un institut accueillant des enfants porteurs de handicap et entend démontrer aux autorités de son pays -et financeurs- que ceux-ci peuvent tout à fait s'intégrer à la société. Et par là même que les femmes ont leur rôle à jouer.
Tout l'intérêt du film, d'une finesse d'écriture absolument remarquable, est qu'il n'est pas un biopic au sens litéral du terme : parce qu'il apporte un point de vue extérieur (le personnage de L. Bekhti), celui d'une fausse mondaine, superficielle et dans l'air de son temps, qui contrebalance celui de la pédagogue, scientifique, ayant un point de vue révolutionnaire sur la condition déplorable des femmes à son époque. Deux héroïnes.
La nouvelle femme se trouve ainsi être un témoignage historique et sociologique vraiment poignant, d'une justesse rare, un portrait tout en nuances qui évoque la maternité à une époque où la femme n'était qu'une matrice sans nul autre rôle social. M. Montessori se montre en tant que femme torturée par sa propre maternité, celle qu'on ne lui a pas laissé assumer à cause d'obscures, basses et vulgaires conventions sociales qu'elle refuse catégoriquement (le mariage) et d'une société atrocement rétrograde en regard de la gente féminine. Un cri féministe évoquant un besoin de reconnaissance évident et essentiel.
Le film nous propose également un magnifique scénario traitant du handicap de manière frontal, encore une fois d'une incroyable justesse pour qui connaît le sujet, avec son lot de scènes extraordinaires, notamment celle où les enfants réagissent à la musique et dansent, montrant leur sensibilité, celle que paraît masquer leur déficience intellectuelle.
La nouvelle femme nous présente également une intéressante et première approche de la célèbre pédagogie Montessori, dont on retrouve aujourd'hui des écoles autant à Lyon qu'à New York.
L'un des films français les plus réussis de l'année.
