Le meilleur film italien en 2023, selon l'académie.
Le rêve de l'Europe, vu depuis le Sénégal. Un récit de voyage, vécu de l'intérieur, comme nous avait été narré celui des européens partant pour l'Amérique, où celui des gens de l'Est américain allant chercher de l'or en Californie. La longue histoire du cheminement de l'humanité...
Moi capitaine voit ce rêve qui se transformer en cauchemar, en chaos cauchemardesque et proprement inhumain : Garrone prend partie de nous montrer en "vrai" ce que les chaînes d'info des pays riches racontent lointainement, ce que l'on a du mal à imaginer concrètement, ce qui n'était que des mots que l'on prononce pour des spectateurs confortablement installés dans leur canapé.
Moi capitaine n'est pas pour autant un documentaire, même s'il est d'une précision et d'un réalisme indiscutable, mais bien une œuvre artistique, soignée et d'une beauté renversante, qui se transforme à l'occasion en un conte onirique lorsque l'histoire devient trop difficile à supporter ; comme un échappatoire, une illusion pour survivre à l'horreur.
Poignant, violent, effarant, virulent, éloquent : Moi capitaine nous met tout simplement dans la peau de ces migrants afin de mieux les comprendre. Et sans aller jusqu'à évoquer la complexité de leur parcours, une fois rendus sur le continent européen, ni leur rôle essentiel, vital, dans les économies des pays riches, et ce depuis que l'homme est homme. N'en déplaisent aux haineux, aux hypocrites et aux racistes et aveugles de tout bord.
