Pretty fucking woman :
Sean Baker continue d'explorer le monde des déshérités de l'Amérique, ceux qui luttent avec acharnement pour survivre.
Ani travaille comme showgirl dans un club où elle va rencontrer et plonger dans le monde opulent d'un fils d'oligarque russe, découvrir la vie des ultras riches : sex, drug and dance music. Jusqu'à ce que les parents du jeune homme apprennent leur liaison...
Anora raconte l'histoire d'amour de deux gamins à la destinée radicalement opposée, avant de prendre un tout autre chemin, quelque peu déconcertant et pas loin d'être hors sujet. Servi par un humour à froid, le film semble hésiter entre cette histoire d'amour impossible et une espèce de parodie des films de mafia (ici les arméniens remplacent les éternels italo-américains du Bronx) mais le scénario brasse beaucoup d'air, les scènes s'allongent sans but véritable : une bonne heure sera nécessaire pour calmer l'épouse hystérique et retrouver son mari intoxiqué dans la nuit new-yorkaise. Et pourtant le film est un tourbillon, une douce folie qui fait son chemin, réalisé discrètement mais avec finesse, qui parvient toujours à nous retenir. Anora parle de ces rêves de richesse, tout du moins de ces aspirations à une certaine réussite dans un monde bipolaire où l'ascenseur social ne semble plus très bien fonctionner : naître riche ou mourir pauvre. A noter cette très, très belle dernière scène, tout en simplicité, mais qui en dit tout autant que l'entièreté du film. Extrêmement fort.
Anora représente l'essence d'un cinéma hyper réaliste, extrêmement personnel dans le ton qu'il aborde, captant chaque moment sans grande ellipse, sa force résidant dans le travail époustouflant de ses actrices / acteurs, portant à bout de bras certaines scènes franchement longuettes.
Peut-être un peu léger pour une Palme d'or mais jamais dénué d'intérêt, notamment dans sa satire des ultras-riches, ultra déconnectés des réalités du monde, irresponsables, folâtres et inconsistants, prêts à tout pour préserver leur macrocosme, leur rang et leurs privilèges : après avoir tapé sur le milliardaire Trump, Baker s'attaque aux puissants de l'empire russe et contribue à l'effort de guerre.