Un sujet important, encore méconnu et peu glamour, mais essentiel.
Tirailleurs s'avère utile parce qu'il aborde la question épineuse de l'emprise colonialiste de l'Europe sur le continent africain ainsi que les exactions commises en son nom, de même que l'hypocrisie de ces nations alors toutes-puissantes (des soldats intégrés de force, sans véritable préparation et finalement si peu reconnus) et le manque de courage de l'armée française ; des sujets encore trop tabous dans les discours officiels d'aujourd'hui. Utile, ensuite, puisqu'il rappelle que les sénégalais étaient des musulmans que la France est allée chercher de force quand elle avait besoin d'eux : mais pas eux de nous... Et, enfin, refusant de nous présenter de gentils sénégalais (en nous rappellant que les sénégalais n'étaient d'ailleurs qu'un partie des soldats africains présents) face aux méchants français, Tirailleurs évite tout manichéisme.
A contrario d'un film comme Harkis, le film de M. Vadepied traite son sujet dans son entièreté, sans concession, en faisant un grand film pour le grand écran, privilégiant avec justesse une caméra mobile, et proposant une œuvre adaptée à un large public. Respectueusement, en privilégiant le dialecte Peul et osant les sous-titres pour l'immense majorité des séquences.
Tirailleurs reste cependant un film de guerre, usant de tous les codes du genre et n'évitant pas toujours quelques longueurs ; mais Omar Sy est formidable de sobriété dans cette réflexion sur la guerre, le colonialisme, la paternité et l'intégration. Une oeuvre riche.