Loin des yeux, loin du cœur.
Deux enfants coréens s'aiment comme des enfants mais sont brutalement séparés par la vie. Ils reprennent contact des années après, et leurs existences respectives vont se croiser et se décroiser.
J'ai été immédiatement happé par ce Past lives et je pense que le travail éblouissant de la réalisatrice ne peut pas être étranger à cette sensation : ses balayages de caméra incessants comme pour signifier le passage du temps sur les corps et les âmes, chaque plan conçu avec une finesse ciselée, précis, beaux et recherchés, pas dans l'esbrouffe mais dans la tendresse, plans et mise en image d'une variété phénoménale (le travail sur les reflets notamment, ou lorsque les personnages sont écrasés au bas de l'écran, tout comme ils semblent l'être par leur destin).
Mais le traitement du sujet, de par sa simplicité, prend également le relai. Nous sommes profondément touchés tant le film parle naturellement à nos sentiments, ceux-ci transpirant à travers l'écran et nous faisant battre, ou nous pinçant le cœur (quelle somptueuse et simple scène finale, écrasante et fortement chargée de ces émotions que l'on retient 1h45 durant...). Past lives pointe du doigt combien les relations humaines, amoureuses ou amicales sont essentielles à notre bonheur, notre équilibre, le scénario transpire nos choix de vie, tiraillés entre nos ambitions et nos émotions. A quoi tiennent nos choix de vie, nos choix amoureux ? A des rencontres fortuites. Des dilemnes. Un sort que l'on accepte ou que l'on force.
Past lives se plait également à aborder le choc des cultures lorsque l'immigration fait son œuvre, le melting pot nous éloignant de nos origines, faisant de nos proches des étrangers.
Et on évoquera forcément ces deux et absolument formidables acteurs, que je ne connaissais pas, mais tenant parfaitement leur rôle, bien au-delà des dialogues, parfois jusque dans les mouvements subtiles de leurs corps. Accompagné d'une musique prégnante et envoûtante. |