Un pan méconnu de l'histoire de l'extrême gauche française.
Un militant "infiltre" une usine Citroën en tant qu'ouvrier afin de dénoncer la douce folie du capitalisme post-mai 68. L'établi nous montre ce qu'était, il y a 60 ans, les conditions de travail sur une chaîne de montage, le rythme intense imposé aux ouvriers, la répétition robotique des tâches, les dangers, l'usure physique et psychologique des troupes, les tensions syndicales et, surtout, les fortes pressions patronales, parfois aux confins de la légalité.
L'établi rappelle l'utilité de la lutte pour nos conditions de travail, et donc de vie, raconte l'idéalisme d'alors, celui qui fait de nous des hommes libres, justes, intègres ; celui qui tend à disparaître un peu trop facilement aujourd'hui... On ne parle pas ici de Terre plate, de Lune creuse ou de complots tout aussi ridicules et qui donnent l'illusion aux mal-informés et autres incultes de maîtriser le monde dans lequel ils vivent, mais de choses concrètes, quotidiennes et objectives. On comprend mieux, de part cette page de l'histoire ouvrière, pourquoi la révolution est morte avec le chômage de masse et l'achat d'un pseudo bien-être matériel par les classes dominantes.
Je regrette toutefois que, si l'auteur semble gagné à cette cause et passionné par son sujet, il en ait fait une œuvre aussi austère, peut-être même hermétique, plutôt que se lâcher derrière la caméra et offrir aux spectateurs un véritable espace de liberté visuelle.