Une belle plume pour capter l'âme naïve d'une adolescente à l'esprit pourtant alerte.
Tout part d'une séduction perverse et de subtiles mensonges, d'une emprise discrète plutôt que de contraintes physiques explicites, d'une manipulation aisée d'une encore enfant. Au bout d'une demi-heure tout est en place et le spectateur a compris les tenants et les aboutissants : l'emprise sexuelle et le non consentement implicite. Le film parvient seulement à sortir de temps en temps de ce schéma sans doute trop simple en décortiquant la complicité des adultes alentours, leur reconnaissance d'un tel être ouvertement pédophile, à une époque encore très récente...
Car tout est dit, on ne voit guère l'évolution physique et psychologique de la jeune fille si ce n'est à travers la progression dramatique de ce couple illégal. Les scènes s'enchaînent et tournent inlassablement autour de leur liaison sexuelle, malheureusement essentielle, séquences trop répétitives et sans doute trop nombreuses (dont une complaisante), et du silence -encore- assourdissant de la mère. En réalité le scénario est sans doute mal équilibré, laissant trop de côté la destruction psychique et à longue échéance de la victime, les conséquences ad vitam, explorées à la toute fin.
Rouve s'efface devant son abominable personnage et pourtant on a souvent l'impression qu'il en fait des tonnes. I. Higelin a besoin de sortir d'un certain monolithisme et ne pas s'en tenir à son air constamment ébahi. Laetitia Casta est excellente.
La réalisatrice porte très bien son film.
