Les murs de Babylone... Si la vie est une fête, Babylon
est un clip de trois heures !!
Babylon ou le destin croisé de quatre
personnages qui gravitent autour d'Hollywood et du cinéma
: un acteur usé, une starlette rêveuse, un fou
de cinéma ainsi qu'un musicien intègre. Comment
leurs diverses interactions les changeront, les feront évoluer.
Merde, pisse, bite, seins, drogue, alcool, sexe, sang, mort,...etc.
Chazelle donne le ton mais fort heureusement n'en fait pas un
film complet ; il n'empêche que la force de cette première
séquence est de nous happer dans un tourbillon d'images
montées avec précision et un sens du rythme incroyable,
sans doute plus pointu que la réalisation elle-même.
Babylon, au-delà de sa référence
mythique, est une oeuvre ébouriffante, éblouissante,
passant allègrement du rêve à la déchéance,
de l'ivresse à la gueule de bois. Le film déborde
d'une énergie communicative et grisante, et de ce genre
de folie qui passe très amplement le simple cadre de
l'écran et vous enlace pour ne plus vous lâcher.
Jamais.
Babylon lève par ailleurs le voile,
par l'hommage, sur la fabrication d'un film à la fin
de la période du cinéma muet et effectue une mise
en abîme absolument remarquable, communiquant ce plaisir
à filmer, cette ambiance unique et légère
qui gravitait autour de la machine à rêves ; puis
il devient le témoignage du difficile passage au cinéma
parlant par le biais de scènes révélatrices
et explicites.
On pourra évidemment lui reprocher d'être plus
rock n' roll que réaliste, trop anachronique à
vouloir décrire sans fard la folie des grandeurs qui
s'était emparer de cette indusrie naissante : on sent
que le jeu des acteurs n'est pas celui des artistes de cette
époque (et je n'ai pas souvenir d'actrices qui jouaient
sans soutien gorge !!) mais le film souhaite servir un imaginaire
vaporeux. Et il s'avère parfois hilarant.
Babylon devient par la suite le témoin
de la transformation d'un Hollywood qui n'est plus cette immense
machine à rêves, rêves festifs qui n'hésitent
pas à déborder sur la réalité, prenant
corps dans des festivités orgiaques, mais évolue
en une machine à fric, se métamorphosant peu à
peu, au fur et à mesure que les fiestas hors des plateaux
deviennnent ennuyeuses, en une industrie pure et dure, sans
âme.
Babylon fait également partie de ces
oeuvres aux scènes marquantes, perchées, décalées
: le rôle, même assez poussif de T. Maguire, y participe
grandement. Le film est enchâssé de magnifiques
dialogues notamment celui à propos de ces stars -et on
en connaît un certain nombre !- qui se refusent à
disparaître et se fondent à la médiocrité...
La musique a tout pour nous séduire et participe de beaucoup
à nos émotions ainsi qu'à l'intensité
du film, à notre immersion. Les images sont proprement
léchées.
Babylon s'avère être un long trip
dans l'âme viciée d'Hollywood, une oeuvre magique
en trois dimensions -mais sans 3D- qui nous emporte dans son
tourbillon d'images, de séquences, de drames et de folies.
Babylon se termine par une incroyable, bouleversante
et totalement surprenante déclaration d'amour au 7ème
art (et à James Cameron !) et par... un trip coloré.
La boucle est bouclée, la séance est terminée.
Bonsoir.