On vient tous voir Napoléon avec une idée en tête, des attentes individuelles, des préjugés et autres espoirs, en fonction de ce que l'on connaît de ce personnage historique et ce que l'on espére d'une telle oeuvre. Et bien tout le monde ne sera pas satisfait.
Napoléon est une œuvre méthodique, un peu tristement chronologique et attachée à certains éléments de la vie de Bonaparte. Le côté positif se situe dans son étude des personnages -l'empereur et Joséphine, de manière particulièrement équilibrée-, le reste n'étant qu'un bien joli manuel d'histoire que l'on effeuille avec un rien de lassitude, puisque ses grandes lignes nous sont toutes plus ou moins connues et sues (en tant que français, assurément).
On découvre donc un homme écrasé par son amour et construisant son propre mythe, tour à tour colérique, émotif, possessif, obsédé par son héritier (obsession que le scénario balaie d'un revers à la fin après y avoir consacrer tant de temps...) mais le tout traité platement, de façon lisse et globalement attendue ; la mise en avant des liens avec son épouse, s'il surprennent les novices, n'étant pas les plus passionnants à traiter au regard de l'Histoire de France. Son ambition démesurée se limitant à des bribes de scénario qui auraient mérité approfondissement et analyses, de même est passé sous silence tout l'immense héritage social, politique et même culturel (liberté de culte, législation, institutions...).
Ni réellement profond ni franchement abouti, le scénario manque vraiment de tout : de personnalité (nombreux aspects sont passés sous silence), de stratégie militaire (clé de voûte de ce génie militaire), de folie et de boucherie (seuls les chiffres nous rappellent son manque d'empathie), de tissus historique canevassé. Heureusement que Scott en fait un vrai film de cinéma dont on ne peut que louer les qualités techniques, et que J. Phoenix se trouve un nouveau personnage à la hauteur de son talent : mais le manque d'ampleur de l'histoire lui empêche de l'explorer plus en avant.