Un autre monde est possible ?
Un couple divorce après que leur vie familiale ait été
broyée par la nouvelle vie professionnelle intrusive
de Monsieur.
Un autre monde interroge sur la compétitivité
des entreprises et leur gestion absolument inhumaine, à
la seule gloire de cette même compétitivité,
poussée par des actionnaires dont la seule motivation
est l'enrichement personnel, froid et absolu. Il interroge sur
une société où le travailleur n'est plus
qu'un produit comme les autres, un pion que l'on déplace
à loisir, que l'on jette à l'envie. Il interroge
sur notre humanité dans un monde où même
la famille passe trop souvent au second plan (judicieusement,
dans le film, les moments en entreprises sont plus présents
que ceux en famille...), un monde de plus en plus régit
par l'égocentrisme. Un autre monde parle
de mensonges, de faux-semblants, de magouilles aussi organisées
que qu'hideusement légales, de personnes / personnel
acculés dos au mur, de coups bas et de question de survie
professionnelle.
Dans un emballage quasiment noir et blanc, une réalisation
sobre et à hauteur d'homme, Un autre monde
se veut être un témoignage presque documentaire
sur ce capitalisme qui nous broie en nous transformant en machine
à faire de l'argent, sans considération humaniste,
gouverné par des cadres qui observent le monde par le
seul prisme des bénéfices, coincés dans
leur tour d'ivoire et parlant de nous comme de vulgaires pantins
(comme ceux manipulés par le fils de ce triste héros),
de simples robots interchangeables et à l'obsolescence
programmée.
Un monde épuisé, rincé, qui détruit
ce que nous sommes : des êtres aimants, des êtres
vivants, des êtres avec des existences autres que leur
seul job. On le sait : mais la description clinique faite dans
le film nous glace à nouveau les sangs.