Mais pourquoi, encore une fois, ne pas avoir laissé
le titre original : Le triangle de la tristesse ?
C'est par le biais de scènes à rallonge que le
film entend dénoncer avec cynisme le monde en plastique
du mannequinat ainsi que celui de la nouvelle économie
d'internet ; et toutes leurs faussetés. Et plus globalement
le vaste univers des gens gavés de fric.
On reste loin du punchy et tout autant caustique Chute
libre, d'autant plus que le réalisateur
a du mal à donner de l'impulsion à son scénario.
Trop dilué pour être réellement mordant
et délateur : mais en réalité c'est simplement
que le film démarre doucement. Trop doucement.
Car la dénonciation d'un monde où une nouvelle
forme d'esclavagisme de classe pointe hideusement le bout de
son nez est pour le moins acerbe, elle peut faire mouche et
même faire mal. Et rire aux éclats. La scène
du restaurant, sur le yacht, est absolument apocalyptique et
se meut en métaphore folle où la bourgeoisie se
gave à en vomir. Littéralement. Salissures que
de petites mains obéissantes nettoyeront pour pas un
rond. Triangle of sadness devient alors un
brûlot qui ne va pas là où on l'attend,
voguant sur les rives d'une œuvre politico-sociale très
proche d'un "Sa Majesté des mouches", jetant
ici, sur les plus fortunés, un regard rempli colère
et d'indignation, un jugement sans pitié (ni filtre)
sur leur amoralité / immoralité. Le film se transforme
alors, en guise de leçon et de boucle, sur la scène
de ce qui sera et restera une lutte de pouvoir éternelle...
Encore une fois il est dommage que la conclusion retombe dans
les travers du film.