Zohra découvre le rêve français : puis
la jalousie maladive et de plus en plus violente de son mari.
Sujet O combien grave, Kung fu Zohra traite
de la toxicité masculine, des violences conjugales et
surtout de leurs mécanismes, leur engrenage pernicieux,
ce cercle vicieux auquel les femmes parviennent difficilement
à se soustraire. Et de la meilleure façon de s'en
sortir : une réponse à la violence par une solution
adaptée, pensée, maîtrisée et surtout
extrêmement courageuse. El Mechri utilise les codes du
film de Kung fu, ses grandes lignes, afin de servir originalement
son propos : le héros "faible" doit faire face
à une épreuve physique insurmontable, il va s'entraîner
avec un mentor, en commençant tout en bas, avec détermination,
afin de se dépasser et vaincre son ennemi. Ici la symbolique
de la lutte prend alors tout son sens.
A titre personnel j'aurais néanmoins gommé le
marqueur identitaire afin de ne pas donner du grain à
moudre aux racistes et autres suprémacistes de tout poil
qui pensent avec autant de ferveur que peu d'intelligence que
cela n'arrive que chez les autres ; comprendre : plus facilement
dans d'autres "civilisations"... Mais j'ai peut-être
l'esprit obsessionnellement tordu...
En tous les cas le film offre d'immenses rôles à
Ramzi et S. Ouazani, et confirme un indéniable savoir
faire de la part de cet auteur aguerri.
Pas réellement étonné que Kung
fu Zohra n'ait pas trouvé plus de répercussions
dans cette société sclérosée par
la masculinité, jusque dans les hautes sphères
politiques... Grave et aussi effrayant et effarant que le film.