Ma vie est un thriller : cours Julie, cours.
A plein temps représente le tourbillon
de la vie ou le quotidien épique mais ultraréaliste
d'une mère qui élève seule ses deux enfants.
Auquel s'ajoute la galère des transports parisiens par
temps de grève et la difficile routine d'une femme de
chambre dans un grand hôtel. A plein temps est
un thriller car il en utilise tous les codes : nous sommes projeté
à la place de la "victime" qui s'enfonce dans
un tourbillon d'épreuves au sein d'une histoire où
le drame s'installe progressivement.
Julie est une citoyenne qui jongle avec ses obligations -nos
obligations à tous-, avec ce temps qui joue toujours
en sa défaveur, avec le manque de fric, avec son rôle
de mère dépassée qui en oublie de s'occuper
de sa propre personne. C'est donc une œuvre qui nous parle
des petites gens, de ceux qui se lèvent à l'aurore
pour nourir leur progéniture, c'est un extrait de vie,
ou plutôt de survie dans un monde hostile, notre monde
moderne et déshumanisé où la valeur travail
s'est terriblement dévalorisée.
A plein temps ou la représentation sensible
et naturaliste d'une vie d'esclave que l'on a envie dénoncer
autant que l'on souhaiterait traverser l'écran afin de
soutenir le personnage principal. Le film évite soigneusement
de tomber dans les alcôves d'une œuvre qui sent la
fiction à plein nez autant que le catalogue de la mauvaise
journée. Tout ça grâce à son sens
du détail, à une logique interne à toutes
épreuves et à sa justesse ; du cinéma-vérité
qui décrit à la perfection l'épuisement
moral des travailleurs d'un siècle dit "des loisirs"
; ces gens qui s'épuisent à vivre.
Laure Calamy m'a bouleversé, elle est littéralement
impeccable en femme accablée, terriblement authentique,
le tout sur les accords d'une musique froide et implacable.
Le final est une lueur d'espoir qui nous laisse enfin souffler
et nous émeut profondément.