Un film qui débute par un plan séquence peu-il
nous assurer que l'on va assister à un spectacle de grande
qualité ? Les dialogues y sont d'ailleurs pétillants
de malice et ce petit air de musique qui trotte dans notre tête
n'est pas pour nous déplaire. Mais ce serait sans oublier
que l'attraction principale du film d'origine, Le
convoyeur, était ce personnage mystérieux
et ambigu... et de ce côté, le film va très
vite se saborder.
Si G. Ritchie garde globalement la main quant à mettre
un polar sombre en images, et ce jusqu'à certains tics
de montage, l'évolution du scénario reste absolument
chaotique et transforme cet Homme en colère
en un film d'apparat, léger, trop clair dès le
départ et psychologiquement vaporeux. Et les promesses
de départ ne seront jamais vraiment tenues.
En effet le film se métamorphose en un revenge movie
on ne peut plus classique, sans âme ni chaleur et dont
les flashbacks explicatifs, passablement didactiques, paraissent
particulièrement interminables et surtout malhabiles.
L'histoire en dit trop et on reste à distance respective
de ce récit à plusieurs voix qu'il est censé
être ; et ce malgré de "louables" intentions,
à savoir donner un véritable rôle aux bad
guys au lieu d'en faire une menace invisible. Un homme
en colère se rapproche plus d'un crossover improbable
entre Un justicier dans la ville et un Ocean's,
que de son modèle, tellement plus raffiné. Le
film de N. Boukhrief était définitivement et totalement
social, plus humain : le convoyeur nous était présenté
comme fragile, meurtri, sensible, inexpérimenté
au début, jamais comme un (super) héros vengeur
; et son remake de gommer volontier les passages et autres allusions
aux drogues.
Malgré quelques sursauts d'orgueil pour sauver les apparences,
qui n'effacent en rien une fin calamiteuse, honteusement édulcorée,
Un homme en colère reste un actioner
plus basique qu'il ne le laisse paraître, bruyant, et
au final moins violent qu'il ne le laisse croire.