Le monde agricole. Une femme. Des hommes.
Très bien documenté, il n'empêche que La
terre des hommes brode autour de thèmes à
la mode, voir rebattus (endettement des exploitants agricoles,
évolutions de leur métier, leur relations avec
les banquiers, le syndicalisme...etc). C'est en doublant sa
thématique première que le film cherche son originalité.
Sauf que c'est également là que le bât blesse
: on ne parvient pas à se s'identifier à l'héroïne,
sans doute parce que les raisons de céder aux avances
de cet homme restent tenues : elles n'engagent finalement que
sa peur -même si compréhensible- de voir péricliter
l'affaire familiale. Mais ceci n'est même pas justifié
par la suite : elle se rend chez lui volontairement, le baiser
accepté le jour du mariage devient une aberration. De
même la scénarisation de la scène charnière,
trop ambiguë, fera définitivement vaciller le film
: pas de violence, de chantage ou de pression avérée,
pas de contrainte claire ; reste l'élément de
surprise. Inutile d'être avocat pour comprendre que légalement
cela tient difficilement la route. Il manque quelque chose pour
nous hérisser le poil, des faits plus clairs, et donner
au film une valeur coup de poing nécessaire à
son juste engagement, plutôt que de desservir sa cause
et me faire grincer des dents. Le scénario restera sur
la corde raide et on se demande où il veut réellement
venir tant il penche parfois vers l'éventuel "agresseur"
(sa défense implacable). Incompréhensible.
Dernière chose : je persiste à ne pas comprendre
l'utilité, en 2021, après #MeToo, de montrer avec
tant d'insistance les seins de l'héroïne sans raisons
valables -d'autant plus dans le contexte scénaristique
scabreux. Si tant est qu'il puisse y en avoir, une utilité,
sans verser dans le voyeurisme écoeurant et une vision
réductrice de la femme.
S'il n'en demeure pas moins des acteurs irréprochables,
gros point fort de l'oeuvre, la mise en scène trop en
roue libre finit de plomber l'ensemble.