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Nomadland
Chloé ZHAO
Budget = 5 M$
BOX OFFICE France = 1 598 / 26 332 - 125 000 - (612 000) entrées
BOX OFFICE USA = 0,503 / (3,7) M$
BOX OFFICE Monde = (39,5) M$
 

Une image brute de décoffrage, une Frances McDormand sans fard, effarante de naturel. Nomadland représente l'Amérique-Amazon, l'entreprise multi-milliardaire exploitant l'ultra pauvreté de ses compatriotes courant après le travail et prolongeant de beaucoup leur vie active. L'Amérique des sans-grades, celle des existences fragiles, tenant à bien peu de choses, mais surtout l'Amérique des sans toits, poussés dans la rue et se réfugiant dans des vans et autres camping-car de fortune. De prime abord par obligation, puis par nécessité et, finalement, par choix : le choix de ne pas s'inclure dans une société exclusive, société des riches et, dans l'absence de propriété, retrouver ce qu'ils n'ont plus de liberté. Mais Nomadland n'est pas une oeuvre déprimante car elle représente également l'Amérique de l'entraide et des solidarités.
Il y a quelques chose de documentaire dans ce film, dans son format, dans son approche d'un cinéma social, épuré, dans sa manière délicate d'aborder toutes les problématiques, au quotidien, mais sans aucun tabous, ne détournant jamais le regard sur quoique ce soit, quitte à gêner nos yeux de spectateurs un peu prudes. La réalisation au corps à corps de C. Zhao n'y est pas pour rien : elle s'efface au profit de sa phénoménale actrice et nous laisse pénétrer son monde et son intimité au plus près. La profonde justesse d'écriture contribue à nous prendre par la main, nous forcer à voir, puis à regarder cette Amérique de l'ombre.
C'est aussi un film qui aborde avec une immense pudeur le thème du deuil, de cette vie qui va de l'avant, sans l'autre. Qui continue tout comme ses routes, dans un cycle paraissant infini. Le message final -pas forcément religieux- est empreint d'espoir et de joie : un "see you soon" qui en dit long sur la vie d'après, celle des survivants qui, dans leur voyage, au gré d'un virage, d'un détour, d'un paysage, pourraient très bien tomber sur... un souvenir vivace.
Nomadland est une œuvre chaleureuse, respirant la joie de vivre, la pauvreté forcée mais heureuse ; pour autant c'est une œuvre rugueuse, profondément anti-hollywoodienne, ne cherchant jamais à caresser, gratifier le spectateur, nous remémorant que le cinéma n'est pas uniquement l'industrise du rêve mais également une représentation intense de la réalité. Il y a des scènes bouleversantes, renversantes, inoubliables : la vieille dame qui se sépare de tout ses biens intimes avant d'aller mourir. Simple. Tellement puissant. Comme la composition sublimissime de Ludovico Einaudi.

La critique des internautes
 

 

NOTE : - / 20

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