Les sœurs Williams : destinées à être
championnes par leur père, le Roi Richard.
Je reste toujours et a priori dubitatif lorsqu'il s'agit de
faire un biopic sur des stars, non seulement vivantes, mais
encore en activité : on ne les découvre pas, le
discours sur la sortie du ghetto est un refrain connu, celui
sur le père obsessionnel, entêté mais protecteur,
également ; le tout sur un air de success story toute
écrite.
Encore une fois il est essentiel de se poser la bonne question
: quel est l'intérêt du film ? Et bien il se trouve
que King Richard porte bien son titre puisqu'il
s'agit du biopic du père des soeurs Williams, légendes
du tennis mondial, et non celui des deux stars, laissées
en arrière-plan (notamment Serena, pourtant bien plus
titrée que sa soeur). Le film va bien au-delà
de son thème biographique majeur et de ses thèmes
mineurs : le tennis comme sport huppé, les relents de
racisme, le self made man / woman à l'américaine...etc.
Car il s'agit de l'histoire de ce père acharné,
obsessionnel et inflexible, croyant dur comme fer en ses filles,
en leur destiné et en son / leur rêve, allant jusqu'au
bout de son "plan" sans pour autant être inhumain
ou irascible, et leurs donnant tout son amour paternel en les
accompagnant vers les sommets ; tout en cherchant à se
dépasser et soigner ses propres blessures par le biais
de ses enfants prodiges. Le film décortique l'homme derrière
le père, et le père par-delà l'homme :
il parle de travail, de rigueur, de réussite, de fierté,
de talent, d'amour du sport plus que de l'argent.
Will Smith délivre un numéro d'acteur exceptionnel
et je continue de clamer que Jon Bernthal est encore largement
sous-employé et mérite des premiers rôles
à la hauteur de son immense talent.