Un poète de province s'éprend de sa muse et mécène,
une femme mariée à un très vieux noble.
Suite à une altercation avec le-dit mari, il monte à
Paris, près de celle qu'il aime.
Abordons tout d'abord les limites de cet excellent Illusions
perdues : sa réalisation manque de flamboyance
et de recherche formelle, même s'il devait paraître
un peu vain, à l'image de ces... illusions perdues.
C'est le récit d'une capitale trop grande et trop complexe
pour un petit gars de la campagne, un film où se dessine
déjà la fameuse dichotomie entre Paris et sa province
: ville broyeuse d'artistes, créatrice de riches profiteurs
sans autre talent que celui de savoir polémiquer, s'allier
aux bonnes personnes.
Illusions perdues est une oeuvre dissertant
sur le statut des arts sous la restauration (poésie,
littérature, théâtre,...) et surtout sur
leurs coulisses complexes, leur nouvelles formes, leurs petites
tricherie et la place de l'argent, des influenceurs. Et, justement,
de cette influence -parfois néfaste- de la presse ; ou
plutôt des "canards" dont on nous narre la naissance
(avec quelques piques adressées ça et là).
Film sur le besoin de reconnaissance : reconnaissance d'une
femme, de ses pairs, d'une caste, de la société
toute entière ; Illusions perdues témoigne
du changement, du basculement vers une société
post-révolutionnaire, libérale, de plus en plus
mercantile, motivée par la seule course à la richesse,
au paraître et par l'appât de la gloire, même
pour les plus modestes. Mais au sein d'une société
toujours aussi faussement perméable...
Film en costume foudroyant d'originalité de par son sujet
et son traitement, d'une immense richesse thématique
qui résonne encore aujourd'hui (signe d'un grand film),
pétrit de bons mots, pinçant lorsqu'il s'attaque
aux critiques littéraires, il lui manque cependant quelque
chose pour atteindre les sommets. Cette étincelle visuelle
qui décrirait parfaitement ce Paname illusoire, une sophistication
dans sa mise en scène pour nous enlever complètement,
nous séduire même simplement.