La cité Gagarine d'Ivry-sur-Seine
Etre happé dans un film grâce au sens inné
des images de ses réalisateurs, ce ballet de photographies
fortes, son intelligence contemplative : et puis il y a un autre
regard, celui de l'auteur, un regard sur les banlieues, un regard
constructeur et non plus destructeur.
Un jeune veut ardemment sauver sa cité de la destruction
programmée. Il répare, lève des fonds,
se bat pour celle qui l'a vu naître.
Gagarine est un joli cocktail de communautés,
rebeu, renoi et roms, oeuvrant dans un même sens, dans
un bel élan de ce positivisme dont on a grand besoin
aujourd'hui, afin de remettre les pendules à l'heure.
C'est aussi plein de ces petites histoires, qui font la grande
Histoire, et qui convergent toutes vers cette France que l'on
aime tant, métissée, mélangée, intégrée
et heureuse. Mais ce n'est pas pour autant une œuvre naïve,
plutôt sociale, partagée entre l'amour d'un lieu
qui a vu grandir plusieurs générations et leur
besoin impérieux d'un logement plus décent. Entre
l'illusion d'une rénovation et la destruction de ses
souvenirs pour des logements neufs, c'est également un
film qui parle du mal-logement en France. Gagarine
va alors déboucher sur une note d'espoir -très
fragile- absolument étonnante et grandement réflexive.
De toutes façons quand une œuvre est aussi bien
emballée, il est difficile d'y résister : sensible,
touchante, émouvante même, en apesanteur... on
touche au sublime lors de la métaphore finale. Un film
immense.