La fille d'un repris de justice et ses souvenirs en images.
Et de quelle manière !
Flag day décrit une enfance pas comme
les autres, celle de deux mômes qui aiment leurs parents
d'un amour indivisible mais sont trimballés entre un
père instable, menteur patenté, et une mère
abandonnée par celui-ci, paumée ; entre mauvais
coups et magnifiques souvenirs d'enfants, de ceux qui nous forgent
tout autant (symbolisés par le dessin).
Et puis c'est également l'histoire de cette gamine devenue
femme et celle d'une cellule familiale complètement explosée.
De cette femme qui doit s'en sortir, se (re) construire dans
ce contexte tout particulier : c'est une oeuvre qui évoque
le choix, celui de reproduire le modèle parental défectueux,
celui de se contenter du peu que nous ont parfois laissé
nos parents, ou celui de s'en sortir et de devenir quelqu'un.
Celui, en réalité, de maîtriser sa propre
vie, en dehors de son éducation et de ce que la société
reflète de nous-même.
Sean Penn joue avec sa propre fille, il joue au père
indigne, et elle joue la jeune femme qui ne peut tirer un trait
sur son paternel, sur les liens du sang qui les unissent. Avec
des questions sous-jacentes, à chaque ligne de scénario,
mais d'une importance humaine cruciale : un homme peut-il vraiment
changer, évoluer ? Un enfant peut-il accorder son pardon
à ses propres parents ?
Le film interroge, enfin, les citoyens du 21ème siècle
sur un sujet essentiel : la vérité. La jeune femme
va trouver sa vérité, loin de sa famille, au sein
de ce métier essentiel à l'équilibre démocratique
d'un pays qu'est le journalisme ; sans ce pluralisme critique
c'est la vérité d'un seul (ici, un père,
ailleurs, un gouvernement) qui fait foi, qui fait alors loi.
Si c'est moins la surprise que la sincérité du
propos qui nous tient, c'est pourtant une oeuvre juste, d'une
foudroyante intelligence, de toute beauté et d'une rare
puissance. Et qui parlera à beaucoup d'entre nous de
cette enfance qui nous a construit tel que nous sommes devenus...