La réalité du cancer. Et de la mort : Entendre
-pas seulement avec les oreilles- que votre vie sera abominablement
raccourci, infiniment plus pénible.
De son vivant n'est pas le premier film abordant
cette infecte maladie : il est dépouillé (visuellement
assez "pauvre" même), simple mais pas simpliste,
pudique, sans pathos, avec de vrais moments de joie, de musique,
trouvant un nouveau chemin d'accès vers son sujet en
la personne de ce médecin atypique, personnage central
du film, autant que le malade ou sa mère. Le film disserte
autour de l'acceptation, du travail avec le personnel soignant.
C'est une description à la fois chirurgicale et finement
psychologique, avec cette leçon de vie sous-jacente :
profitons de notre temps sur cette Terre, aimons, vivons tant
qu'on le peut.
B. Magimel campe un personnage de chair et de sang, avec un
passé, une passion, un secret et des regrets ; de ces
moments ratés de la vie qui font également tout
son charme, sa vivante et imparfaite beauté. Avec cette
peur on ne peut plus humaine de ne rien laisser de soi, derrière
soi, aucune trace.
J'avoue par contre que le format assez chiche, manquant de symboles
et de symbolisme, a mis une certaine barrière entre l'émotion
et moi : il a du mal à dépasser le stade du téléfilm,
et seul le traitement original de son sujet, naturel d'émotion
(la mort d'un fils, quelque soit son âge, n'a rien de
"normal"), fera déborder nos larmes, de même
que la thématique des relations filliales, qui me touche
tout particulièrement.
La fin est exceptionnelle, sensée, d'une justesse formidable
(avec un bel élan de mise en scène), elle vous
arrachera le coeur et parlera à chacun de nous, surtout
ceux qui ont déjà vu partir des proches...