Depardieu, Darroussin, Frot. Des hommes et des histoires de
famille.
Chronique du racisme, de la haine et de la méchanceté,
et surtout chronique de leurs causes, dans un film cependant
un peu froid et froidement mis en scène. Le scénario
tente de panser les plaies de la guerre d'Algérie et
du chaos qu'elle a engendré -page ténébreuse
de cette histoire de France, de ce passé rêvé
comme idéal par certains amnésiques ou incultes-,
au milieu d'autres plaies liées à une famille
comme on en voit tant.
Des hommes est une longue série de
méditations personnelles et intérieures, d'allers-retours
dans le passé, nécessaires afin d'éclairer
le présent. On se laisse emporter plus que séduire,
car il manque parfois un regard singulier sur chaque scène,
peut-être celui que l'on trouve dans le livre originel,
regard pour sublimer ce témoignage sans filtre, jamais
manichéen. Des hommes décrit
très bien le traumatisme de la guerre et ses conséquences
: traumatisme devenu silences, silences qui se muent en un racisme
moins sincère que cathartique, comme une façon
d'exorciser ces images sur lesquelles on ne peut mettre des
mots, ces souvenirs que l'on n'arrivent pas à enfoncer
assez loin ni profond dans sa mémoire.
Un film utile comme la page d'un livre d'histoire qui serait
restée trop longtemps... blanche.
"Le racisme est une manière de déléguer
à l'autre le dégoût que l'on a de soi-même."
(R. Sabatier)