"Parce qu'une plaque (d'agent
du F.B.I.) fait plus peur qu'un flingue".
Un film pour rappeler que les valeurs des Black Panther étaient
anti-capitalistes, révolutionnaires, socialistes, antifascistes,
idéalistes, activistes ; et leur violence loin d'être
aussi caricaturale qu'on ne l'entend, parfois même...
légitime. N'en déplaise aux "blancs".
Le film se fait un plaisir de nous narrer l'histoire et les
principes des Black Panther, et en parallèle celle d'un
agent du FBI cherchant à faire tomber le puissant président
du mouvement en l'infiltrant.
Ce qui saute aux yeux c'est la qualité technique inouïe
de l'ensemble : au travers de dialogues cinglants, Judas
and the black messiah (magnifique intitulé
!) est une étude clinique du mouvement emblématique
de la cause noir américaine. Visuellement l'auteur nous
offre un bijou étincellant qui vous enveloppe, vous transporte
littéralement grâce à des couleurs magnifiées.
La réalisation est par ailleurs absolument somptueuse,
dénotant une maîtrise étourdissante, telle
une main de fer dans un gant de velours. Et musicalement c'est
tout autant une merveille, tout en puissance.
Judas and the black messiah témoigne
d'un constat terrible sur la difficile marche des droits de
l'homme, de tous les hommes, et de l'égalité entre
citoyens américains. Tous les citoyens américains.
Mais le film va au-delà, bien au-delà de ce message
déjà universel de la juste lutte contre toutes
formes d'oppression, comme un rappel essentiel de l'ère
Trump aux USA et un cri d'alerte face à la montée
de cette faschosphère à travers le monde, à
la fois dans les milieux politiques (et pas forcément
l'extrême droite...) et dans les médias ; le film
interroge également le difficile combat des afro-americains,
son universalité communautaire remise en cause parce
que l'homme est homme et que l'unité n'a jamais été
son fort. N'oublions pas que le héros se vend de prime
abord pour... une voiture (sa fin est terrible). Que les gangs
étaient souvent sourds à la cause, plus intéressés
par l'argent.
Mais le discours restera aussi fort que clair : continuons les
luttes.