Un groupe de traducteurs international est littéralement
claquemuré dans un manoir pour traduire en simultané
le dernier tome d'un best seller mondial, dont les enjeux économiques
pour l'éditeur sont bien évidemment considérables.
L'intrigue se met vite en place : quelques pages du roman se
retrouvent sur internet, une demande de rançon est effectuée
: qui a donc bien pu faire fuiter le texte ?
Intrigant huit clos littéraire qui nous happe immédiatement
en se dévoilant à tatons et entretenant subtilement
le mystère, devenant un excellent et non moins original
whodunit où chacun des traducteurs semblent avoir quelque
chose à cacher ; avant d'être un à un rayés
de la liste des suspects. Le film trouve même un excellent
équilibre en jonglant avec tous ses personnages, n'étant
d'ailleurs pas uniquement centré sur cette intrigue mais
démultipliant les sous-intrigues, notamment autour de
l'éditeur -et de ce qui lui arrive- joué par L.
Wilson : manipulateur sombre dont les terribles actes vont être
mis à jour...
Avant de rentrer dans le vif du sujet il conviendra de noter
que le montage est suffisamment ambitieux pour faire progresser
le récit avec intelligence, participer de près
à la finesse, à la complexité et à
l'attractivité du récit nous permettant de nous
impliquer sans mal. Et la réalisation est parfaitement
maîtrisée, osant une recherche formelle et bienvenue.
Certains le trouveront poussif, je trouve personnellement qu'il
va au bout de son idée, quitte à verser dans la
série B aux accents anglosaxons ; il ne arrête
pas timidement en chemin, momifié par un simple bon pitch,
et c'est suffisamment rare pour le signaler
Sauf que... il fait partie de ces oeuvres dont la fin en laissera
plus d'un assez perplexe, voir carrément dubitatif. Le
scénario se dévoilant après une petite
heure, donnant un coupable aux allures déjà vues
(même si justifiées sur le tard), des raisons moyennement
convaincantes (même si éclaircies sur la tard)
et une technique tirée par les cheveux (même si
minimisée sur le tard). A partir de là difficile
de ne pas avoir l'impression que le scénariste s'est
senti comme obligé de finir son film par un twist final
qui, s'il peut se justifier, voir tenir debout, donne l'impression
d'un scénario à tiroirs qui tire de trop sur la
corde pour se justifier à tout va et donner dans une
originalité... poussive.
On pourra alors conclure que ces Traducteurs sont
une demi déception, celle de voir un si bon film pousser
le bouchon un peu trop loin.