Zadi fait son Borat et choisit de soulèver le problème
ancré du racisme en France. Mais en ayant l'intelligence
de se moquer des travers de tout un chacun, évitant ainsi
un manichéisme un peu lourd, visant également
un public large sans pour autant devenir consensuel.
A travers des thèmes variés tels que le communautarisme,
les minorités ethniques, l'identité raciale, la
place des gens de couleur dans notre société,
le racisme plus ou moins assumé, le film transforme tout
cela en de véritables sujets de fond, l'air de rien,
mais de manière riche et, surtout, extrêmement
drôle. Il s'empare d'un sujet sérieux mais il entend
dénoncer par le rire, gardant en tête un format
pour le moins original dans l'âme (le faux docu) et le
parti-pris d'un esprit non-boonesque. Car c'est dans l'humour
pour le moins recherché que le film trouve sa raison
d'être, fonctionnant d'ailleurs sur plusieurs registres
: autodérision, miroir déformant, maladresse organisée,
humour grinçant...
Même si certaines séquences n'embarqueront pas
tout le monde, soyez pourtant sûr d'être toujours
rattrapé par le scénario, sa variété
et ses rebondissements : entre profondeur, larmes de bonheur
et de rire, c'est ici que se trouve toute la finesse du traitement.
De même, au lieu d'aligner un casting trois étoiles
et donner du pain béni à ses acteurs, il fait
jouer à chacun des rôles savamment à contre-emploi
et, ainsi, abat avec plaisir la carte de la surprise.
Bref : un moment de grâce, bénéfique pour
tous.