Le numérique en 2020, où comment il refroidit
les relations humaines.
Outre son ambitieux sujet, Selfie propose une
véritable originalité scénaristique puisqu'il
s'agit d'un film à sketchs où les différents
segments interagissent sur les autres. Il se se compose ainsi
:
1/ Le drame d'une famille à travers l'oeil de la caméra
et des réseaux sociaux. Dans cette première histoire
l'indécence est portée à son comble et
la célébrité est portée jusqu'à
l'indécence. La frontière floue entre la fiction
du monde numérique et la réalité d'une
vie s'estompe, où comment et quand le bon vieux principe
du 1/4 d'heure de célébrité n'a jamais
aussi bien porté son nom.
2/ La popularité relative et le passage d'une quinqua
dans le monde 2.0, sa découverte d'un univers de relations,
et aussi de mots, différents est le thème central
de ce second segment, sans doute le moins intéressant.
Il y a, certes, de bonnes reparties écrites, mais le
film parle clairement aux personnes "hors connexions"
et ne va pas assez loin dans son développement, dans
son analyse.
3/ Les rencontres via les applis où "l'amour"
(et c'est un grand mot !) se trouve être noté sur
des critères d'une pauvreté infime et après
seulement quelques minutes d'une rencontre, quelques heures
d'une vie. Ou comment mettre l'amour en équations et
réduire l'espèce humaine en une espèce
de résumé composé de 1 et de 0 : Triste
réalité...
4/ Le numérique est amené à régir
notre vie mieux que nous-même, laissant jusqu'à
choir notre bon vieux libre arbitre, notre vie privée
et par la même notre vérité : une vision
fabuleuse de la puissance des fameux "cookies" ! Excellente
approche avec le non moins excellent M. Payet.
5/ Une vision précise des terrifiants "Leaks"
et une conclusion / réunion des épisodes précedent
jusqu'en un final qui manque vraiment d'être assez percutant
et apocalyptique.
On s'y attache même si le film reste souvent maladroit
dans son traitement, manquant de subtilité, n'hésitant
pas à surligner un peu trop son sujet, mélangeant
parfois un peu tout et n'importe quoi dans ce qui offre une
certaine cacophonie cinématographique. Mais il a le mérite
de traité son sujet de front et de trouver de belles
parades.