Un plan séquence pour placer les personnages et la terrible
intrigue. Edifiant. Glaçant. A même de marquer
profondément tous parents, tous parents que nous sommes,
sommes à même d'être ou serons un jour.
Un enfant disparu semble refaire surface devant les yeux de
sa mère, absolument certaine qu'il s'agit bel et bien
de lui. Comme si le vide laissé par la disparition, le
vide physique, psychique, humain, sensible et amoureux, venait
tout d'un coup d'être comblé. Mais est-ce réellement
possible ?? C'est la question, qui n'est quasiment jamais posée
frontalement dans le film, celle qui hante toutes les scènes.
Madre porte divinement son titre : il nous
rappelle qu'une femme qui a enfanté, reste mère
toute sa vie, quoiqu'il arrive.
C'est par la relation qui se noue entre eux que le film nous
le fait aisément comprendre : relation ambiguë pour
l'un, troublée pour l'autre. Une relation qui semble
n'être bien vite qu'à sens unique : comme si elle
ne servait pour cette mère qu'à détricoter
son profond et inguérissable traumatisme (Cf. sa relation
avec son ex).
Derrière la caméra il est impossible de passer
à côté de cette utilisation parcimonieuse
et subtile de plans longs qui nous emprisonnent, semblent devoir
nous étouffer et nous laissent dans un état intensément
fébrile, participant de beaucoup à la puissance
évocatrice du film.
La fin est d'un réalisme cru et cruel, véritable
symbole d'une abnégation nécessaire, paraissant
nous rappeler que le film aurait pu nous faire verser mille
larmes, nous déchirer de mille façons mais qu'il
préfère regarder la vie dans les yeux et nous
inciter à toujours aller de l'avant
Et quelle actrice !!