Petites arnaques pour survivre.
Kajillionaire est une oeuvre furieusement
indépendante, ne répondant à aucun critères
hollywoodiens, originale jusqu'au bout des ongles, jusque dans
les gestuelles de sa fantasque héroïne (Evan Rachel
Wood y est absolument fascinante) sensées représenter
son mal-être et son inadaptation sociale, toute sa souffrance
enfouie s'exprimant à travers cette maladresse à
bouger, à "être" ; d'une justesse brûlante.
Old Dolio est une héroïne du quotidien, à
l'allure coincée, physiquement, en manque de chaleur
humaine, de touché, d'amour parental et d'amour tout
court ; Kajillionaire est une rencontre avec
une Amérique de misère, misère financière
et/ou affective, sociale et même culturelle (la scène
de danse assez ubuesque), une Amérique du désespoir
où même la sacro-sainte famille vole en éclat.
Sur fond de fin du monde programmée par de réguliers
tremblements de terre...
M. July nous propose une réalisation souvent réduite
à sa plus simple expression -simple dans le bon sens
du terme, laissant ses comédiens s'exprimer-, parfois
touchée par la grâce au détour d'un plan
ou d'une séquence, pour un film empreint d'une poésie
désespérée : à l'image de cette
mousse rose qui coule régulièrement du mur du
taudis, de cette bouleversante scène, extraordinaire,
où la famille d'arnaqueurs fait semblant d'être
normal chez un quidam... (je n'en dis pas plus).
Kajillionaire est une œuvre poignante
sur la recherche de l'amour, même dans sa plus grande
simplicité, et en parallèle une réflexion
sur l'acte de possession dans sa plus large acceptation. Un
film pas tout à fait pessimiste mais toujours à
la sensibilité à fleur de peau.
J'ai été totalement touché et envoûté
par cette oeuvre portée par d'immenses actrices / acteurs.