Moderniser un écrit datant de 1868 par le biais du cinéma
c'est lui offrir une réalisation foudroyante, une scénarisation
idoine, et une esthétiquement irréprochable. La
réalisatrice coche toutes les cases et son équipe
également.
Le film, centré sur Jo, l'écrivaine des 4 sœurs
et double de la romancière L. M. Alcott (ses soeurs étant
respectivement musicienne, peintre et actrice), n'est autre
que l'histoire de 5 femmes dans la société américaine
du XIX ème siècle, durant la Guerre de Sécession.
Si Les filles du docteur March n'ennuie jamais
son auditoire, le récit avance à tatons, un rien
superficiel en apparence, à s'attacher à tout
et à rien ; même la multiple temporalité
-ingénieuse- peine à nous passionner, à
recouper les bouts. La vie quotidienne en temps de guerre n'est
que très peu présente et peu représentée,
le film s'attachant plus à retranscrire des tranches
de vie plus futiles, amours et coups du destin, tragique ou
heureux, au sortir de l'enfance. Et c'est le coeur de l'oeuvre
: la vie d'une jeune femme qui perd peu à peu tout ce
à quoi elle s'attache (père, voyage, être
aimé, proches), qui voit s'éloigner d'elle tout
ceux qu'elle aime, de la même façon qu'elle voit
disparaître le temps de son enfance, emportant ses souvenirs
et l'insouciance de cette période.
Ajoutons que le casting, dans son immense variété,
se défend parfaitement et que A. Desplat nous gratifie
d'une composition adéquate.