Le sujet de l'alcool n'est pas souvent abordé au cinéma
: ceci est l'analyse d'un cinéphile qui n'ingurgite pas
même un morceau de pain de mie puisque le mot "alccol"
y figure parmi ses ingrédients...
Un enseignant, amené à mettre sa vie professionnelle
et personnelle en cause, va tenter une expérience avec
un groupe d'amis : rester légèrement saoul toute
la journée afin de mieux pouvoir affronter l'existence...
La tentation est grande.
Socialement et intellectuellement il est triste de voir des
hommes d'âge mûrs, éduqués qui plus
est, régler leurs problème via l'alcool, même
en intellectualisant le principe -en tirer des conclusions sociologiques-
afin de se donner bonne conscience. Un taux constant d'alcoolémie
peut-il rendre un homme meilleur ? La réponse parait
hautement évidente dès le départ, d'ailleurs
le film n'hésite pas à démontrer le processus
addictif de l'alcoolisation sur le long terme, loin de la veine
positiviste de départ.
Il me semble également évident que ces personne
avaient les solutions à leur problème en eux,
l'alcool n'étant qu'un déclencheur illusoire et
dangereux ; d'ailleurs le scénario touche du doigt la
véritable menace : un "petit peu" en entraînant
un "petit peu plus"... entraînant une dépendance
difficilement évitable, des conséquences et un
impact humain et social (et sur la santé). Dans la dernière
phase de l'expérience je m'attendais pourtant à
quelque chose de plus extrême, excessif et jusqu'au-boutiste
; quelque chose d'encore plus proche de La grande bouffe.
Mais le film choisira une tout autre voix.
Drunk ne nous apprend finalement pas grand
chose : l'alcool détruit les corps et les âmes,
tel n'importe quelle drogue, même si le film cultivera
une vilaine ambiguïté avec ce personnage de Sébastien
(volontairement immoral est l'action de ce professeur, et totalement
aberrante sur le principe...) et cette fin qui me semble être
à la gloire d'un alcool dit "festif", pas si
éloignée des principes premiers des personnages,
et dont on peut imaginer les conséquences futures sur
ce couple en reconstruction (??)...
Vinterberg reste fidèle à ses principes : une
caméra à l'épaule et au plus près
de ses acteurs, sa réalisation est remarquablement épurée
et sa façon de filmer les dialogues reste inimitable
; dogmatiquement inimitable.
Drunk est une perle cinématographique
portée par d'immenses acteurs -et pas seulement M. Mikkelsen-
mais je demeure très mitigé quant à sa
morale finale, un peu chaotique.