La daronne c'est un personnage, au sens cinématographique
du terme : une femme qui bosse pour la police en tant que traductrice
franco-arabe, mère et fille au bout du rouleau dont les
parents étaient des voyous, le mari -décédé-
un arnaqueur. Personnage qui se doit de vivre avec son passé
de jeune fille, tout en pensant à son avenir de mère.
Isabelle Huppert fait un nouvelle fois bel étalage de
son talent et irradie le film. Mais ce n'est pas pour cela que
La daronne fait l'impasse sur des seconds rôles
marquants, de la voisine au jeune dealer, en passant par la
mère, mourante.
Une enquête va plonger cette daronne en plein conflit
d'intérêt... dans un scénario au ton différent,
où la frontière entre flics et voyous se fait
flou, et ou le voyou n'est pas forcément le méchant
irrécupérable de l'histoire. C'est couillu, finaud,
drôle, et le double jeu -jeu dangereux- devient vite un
plaisir de spectateur ; avec de vrais petits messages à
l'intérieur de cette comédie tendue (J'adore la
réaction du taximan, un brin raciste, dont le bec se
cloue à la vue d'un gros billet).
On notera la formidable musique, les détails soignés
-à l'instar des affiches de films en forme de clin d'oeil
dans le commissariat- et le plaisir de retrouver le définitivement
brillant H. Girardot.