Erin Brokovich -
On a beau avoir une conscience citoyenne, mieux encore que de
se dire "écologistes", puisqu'on doit se battre
pour que nos enfants puissent vivre dans ce monde qui fut le
nôtre. On a beau être fan autant de l'acteur que
de l'activiste Mark Ruffalo, extraordinaire dans ce rôle.
On a beau suivre la passionnante carrière de Todd Haynes
depuis le début. Dark waters ne parvient
qu'en de rares occasions à soulever notre intérêt,
plus que notre colère ; tout juste attiser notre curiosité
sur une affaire moins banale que symbolique (la prise de conscience
d'un avocat défenseur des grandes entreprises). David
-avocat mettant en péril sa carrière- contre Goliath
-multinationale intouchable- : son long combat contre un géant
de l'industrie chimique, pollueur notoire aux méthodes
plus que douteuses et rien de moins qu'inhumaines.
Le problème c'est que le film enfonce des portes ouvertes,
témoin d'un événement majeur déjà
relayé par la presse, qui ne laissera personne dans l'expectative
tant on sait qu'il n'a strictement rien à prouver. L'avocat,
noyé sous les dossiers, voit sa vie privée vaciller
face à l'ampleur, la longueur de son combat, jusqu'au
happy ending : le film use de tout ces artifices classiques
pour enrober un discours tout à fait louable, mais qui
manque de punch, pas assez viscéral, pas suffisamment
détonnant.
Reste qu'il touche du doigt certains enjeux majeurs et notamment
la puissance infinie de Dupont, tant légal que sociale,
puisque pourvoyeur d'emplois, véritable voyoucratie de
riches ; et il attire notre regard et notre indignation de par
son récit d'un scandale sanitaire étouffé
dont on connaît les retombées (le Teflon). Sincère,
Dark waters arrive après la bataille
et de toutes façons manque de relief.