Rire et se moquer pour désamorcer une haine stupide
: oeil pour oeil.
La situation peut paraître totalement rocambolesque :
Hitler en (rock star !) meilleur ami imaginaire & un enfant
convaincu des bienfaits du nazisme ? Et pourtant il convient
d'étudier et apprécier ce film dans ses moindres
détails pour en dégager toute sa substantifique
moelle.
Ce qui vous prend tout de suite à la gorge c'est son
humour rafraîchissant, blindé de second degré,
caricaturant la moindre des caractéristiques de ces groupuscules
extrémistes, maniant l'art du grotesque avec générosité
et génie afin de mieux faire sombrer dans leur propre
ridicule ces idéologies nauséabondes. Et derrière
cela il y a une vréritable réflexion, poussée,
une métaphore personnalisée par l'enfant : il
devient ici ce symbole de l' innocence près à
tout gober sans y réfléchir, à intégrer
un groupe pour se sentir vraiment exister. Il symbolise celui
qui n'a pas à réfléchir puisqu'il sait
déjà tout (sic !), l'archétype, non pas
de l'idéologue, mais du disciple aveugle et aveuglé.
Le racourci est tout trouvé : le film nous explique on
ne peut plus clairement que tout adulte qui se refuse à
prendre du recul sur sa pensée, par paresse ou pure bêtise,
n'est finalement qu'un petit enfant qui n'a pas encore franchit
le cap de l'âge adulte, de la réflexion par soit
même et de l'introspection. Car dans le film Jojo va grandir,
par étape. Il va étudier par lui-même, apprendre
et apprendre de ses erreurs, apprendre à connaître
l'autre en le fréquentant, apprendre à se confronter
à la réalité des choses et pas aux seuls
discours informes et prémâchés qu'on a pu
lui servir.
Jojo rabbit s'en trouve être une oeuvre
unique, vraiment très, très drôle, d'une
foudroyante intelligence, jonglant constamment entre une grande
violence, une immense cruauté, et une déferlante
de délires carnavalesques et outranciers. Le film ne
baisse jamais la garde et le ton déconcertant qu'il emploie
ne faillira jamais. Une démonstration brillante, métaphorique
et O combien actuelle ou chaque acteur parait se lâcher
réellement et donner le meilleur de lui-même.
Dommage que la folie scénaristique ne contamine pas la
mise en image. En tous les cas pas assez.