Le visionnage de ce film devrait être obligatoire : et
s'il s'agissait réellement du meilleur film de l'année
?
Impossible de ne pas être happé par ce montage
incisif et absolument fascinant, par cette fusion bouillonnante
d'idées pertinentes, par cet œuvrage pédagogique
et clair qui vaut bien des leçons.
Voici donc la biographie de Dick Cheney, passé de redneck
à vice-président de la 1ère puissance,
si ce n'est économique, militaire mondiale. Nous voici
contés les coulisses du pouvoir à travers l'histoire
et la délicate ascension d'un citoyen médiocre
devenu brillant tacticien, démontant les arcanes de la
politique, de leurs réalités multiples et mettant
à jour les vrais détenteurs du pouvoir. Tout y
passe : des conflits d'intérêts jusqu'à
la barrière translucide quant au rôle des médias
dans processus électoral, en passant par ces mouvements
de balancier, d'alternance Républicain / Démocrate,
et la répétition inlassable de l'histoire. S'il
est parfois besoin de quelques notions de politique ricaine,
d'histoire américaine pour saisir toutes les subtilités,
ou pousser la réflexion plus loin, le film se suffit
amplement à lui-même dans la mesure où il
met à portée de tous les fondements de sa réflexion.
C'est en développant le plus pointilleusement du monde
ses personnages, laissant Bale et confrères / consoeurs
s'en donner à cœur joie, que le film devient une
véritable étude de cas ; ou comment chaque événements
d'une vie construit un homme. Le meilleur comme le pire. A ce
titre le double sens du mot "vice" est une pure friandise
intellectuelle.
Alors bien sûr ce n'est pas le film qui me réconciliera
avec un système politique sclérosé, fonctionnant
en vase clos, pratiquant la politique d'intérêt
personnel et n'ayant de démocratique que le nom. C'est
clairement un scénario à charge contre les républicains
et leur gestion déshonnante, ignoble, intolérable
du 11 septembre, la façon dont le deuxième président
le plus simplet des USA a été manipulé
aisément. Jusqu'à la fatidique guerre d'Iraq -je
voulais dire "guerre du pétrole"-, ainsi que
l'abject Patriot Act et la naissance du futur DAESH. De là
à dire que le film trouve une résonnance toute
particulière sous l'ère Trump...
Vice est la plus fascinante leçon de
politique que le cinéma puisse nous offrir, une œuvre
extrêmement riche et très complète. Une
démonstration édifiante et essentielle, formidablement
bien condensée et sans concession aucune. Techniquement
il convient de souligner la photo travaillée à
souhait, les maquillages d'exception, de même que le ton
du film : véritable recul sur le genre biopic, rafraîchissant,
intelligent et drôle.
La pirouette finale n'étant que la cerise sur le gâteau.