Un couple essaie de boucler ses fins de mois. Le père
de famille va se laisser tenter par un job dans une société
uberiser, les yeux plein d'étoiles : il découvrera
l'exploitation du personnel par l'optimisation du travail, travail
non salarié, pour un maximum de rentabilité patronale.
K. Loach nous propose une nouvelle chronique de la misère
humaine, celle de ces nouveaux esclaves modernes que sont les
travailleurs pauvres. C'est tout autant une étude précise
de la cellule familiale qui nous est présentée,
de ses familles pauperisée qui volent en éclats
bien malgré elles : parce que ce sont des parents croulant
sous le travail, qui n'ont par là même plus le
temps de s'occuper de leurs propres enfants comme ils le souhaiteraient
(la dichotomie avec le travail passionné de l'aide médicale
est frappante), rongés qu'ils sont par l'épuisement.
Et pourtant ce sont des gens qui ont beaucoup d'amour au fond
d'eux, des êtres humains avec la main sur le cœur.
Loach poursuit son combat en démontrant la dérive
d'une société qui a atteint le bout de son absurdité,
de son incohérence, de son inhumanité ; car sous
couvert de "chance" (L'hideux discours : "Ne
te plains pas, tu as un travail") tous les coups sont alors
permis. Cette même société où l'on
se tue pour obtenir un modique salaire tout en enrichissant
les plus riches n'a, semble-t-il, aucunement évolué
en l'espace de plusieurs siècles.
La réalisation y est sobre, les acteurs amateurs ou peu
connus : le ton s'en trouve juste, au plus proche de nous. Film
cru, cruel, touchant, fulgurant, où Loach touche toujours
sa cible en plein cœur et finit irrémédiablement
par nous bouleverser.