Réalisation langoureuse et élégante, magnifiant
l'art du panoramique et du plan fixe en les laissant délivrer
une émotion toute naturelle, dans cet incroyable drame
familial chinois de plus de 3 heures.
So long my son est une réflexion profonde
et juste autour de la parentalité et de ces enfants qui
finissent par nous échapper. La petite histoire d'un
couple ainsi que de ceux qui tournent autour de leur existence
; la tragique histoire d'un enfant décédé,
d'une culpabilité envahissante qui ronge la vie de plusieurs
êtres... Et en parallèle la grande Histoire de
la politique de l'enfant unique et de la politique répressive
chinoise.
Ce qui ne manquera pas de vous désarçonner dans
un premier temps c'est assurément ce montage non chronologique
-grande force et originalité du film- de la vie d'un
couple, qui se retrouve éminemment au centre de chaque
plan, à travers de multiples sauts explicatifs dans le
passé, pour une fresque intimiste en immersion dans la
Chine moderne d'avant 2015. Avec tout ce qui compose l'existence
humaine, ici réuni dans une espèce de puzzle cinématographique
; une existence qui se recompose peu à peu devant nos
yeux, chaque nouvelle scène venant en éclairer
une autre. Un syntagme pyramidal et à la finesse extraordinaire
qui insuffle toute la vie à ce film, tout en sensibilité,
duquel ressort la puissance unique des relations humaines, autant
leur richesse immense que leur fascinante complexité.
Ce qui n'empêche jamais l'humour de poindre. So
long my son se construit peu à peu et devient
alors autant une merveille, un bouleversement, qu'un vibrant
et touchant hommage à la vie, porté par une ribambelle
d'acteurs habités.
So long my son n'est jamais long ou ennuyeux
: c'est un somptueux ouvrage qui nécessite une véritable
gymnastique cérébrale pour recoller les bouts
-et parfois se remémorer les personnages & les situations-,
tissé de dialogues justes, et qui sait vous coller le
nez à l'écran 3 heures durant. Il y a fort longtemps
que je n'avais pas été autant humainement secoué.