Des pakis à Luton.
Ce Blinded by the light (en V.O.) ne se borne
pas à mettre en scène un choc générationnel
et culturel dans l'Angleterre thatchérienne. C'est également
une bande son pour les quarantenaires et une déclaration
d'amour à Bruce Springsteen, une oeuvre colorée,
drôle, mais tout aussi grave, sur l'engagement de la jeunesse,
la rupture d'avec les traditions et bien d'autres choses.
S'il peut paraître a priori trop auto-centré sur
son personnage principal, le scénario oubliant -ou suggérant
de trop- le but de l'œuvre du Boss : la lutte, l'engagement
politique. Même s'il reste un peu superficiel, nombre
de sujets sont abordés, un peu en vrac : l'intégration,
le racisme, la vie d'une communauté dans la Grande Bretagne
profonde et en crise des années 80, le chômage,
le rapport des ados avec leur famille, la relation à
l'argent, à la religion...etc. S'il n'y a rien de réellement
signifiant, de tout à fait bouleversant ou de vraiment
nouveau, le scénario restant sur des rails de tranquillité
et tout est un peu trop carré, Music of my life
ne peut laisser indifférent et touche au but
: entre un hommage des plus sincères et une thématique
brûlante. De par l'angle d'approche des sujets sus-cités,
le film aborde les divers crispations des peuples modernes autour
de la défense de leur culture, de celle qu'ils veulent
soit-disant défendre au mépris de toute logique
; que ce soit les anciens pakistanais accrochés à
certaines traditions familiales ou ces extrémismes anglais
incapables de regarder leur pays évoluer. Et le film
débouche sur une ode à la diversité, la
mixité ethnique autant que musicale ; la puissance et
l'importance de l'art pour nous porter, nous transporter dans
la vie. C'est une oeuvre souriante, tout à fait agréable
à suivre, et à la bande-son tout simplement sublimissime
et nostalgique. Un beau film sur ce qui doit être le ciment
de nos existences -la famille-, ainsi que la nouvelle preuve
de l'importance, de la force et de l'intelligence de cette étonnante
réalisatrice.
Il aurait certainement été bon que certains français
voient cette œuvre où l'un des héros, dans
les années 80, porte un foulard... à l'école.
Et où l'on s'agrippe déjà à une
communauté, bouc-émissaire trop évident
de tous les maux sociétaux, plutôt que de s'en
prendre aux véritables responsables : les politiciens.