Et si...
Je ne peux qu'avouer avoir été trompé par
la surprenante naïveté du début et avoir
eu quelque peu peur pour la suite ; avant de comprendre que
ce malin de scénario jouait justement avec nous et ne
nous préparait en rien à accuser le choc de la
suite. Et le moins que l'on puisse dire c'est que le film nous
embarque sans mal et ne nous lâchera plus.
Sur un principe de cinéma réellement original,
mélange de "si c'était à refaire"
et de celui, inédit je crois, qui veut que l'un des personnages
perde la mémoire, l'oeuvre va jouer divinement avec le
genre fantastique et la comédie romantique.
Qu'importe que ce soit une punition divine, une réalité
alternative, un cauchemar ou une pure uchronie ; l'intérêt
n'est absolument pas dans une explication scientifique de la
situation. Car plutôt que de s'en tenir à un simple
humour monochrome -celui découlant du décalage
du héros par rapport à ce monde- le film s'avère
pouvoir jouer la comédie à différents niveaux,
dans de multiples registres, et de matcher à chaque fois.
Et les personnages ne sont pas en reste : il existe une parfaite
alchimie entre les comédiens. Alchimie entre les 2 potes
et d'où découle de croustillantes et irrésistibles
scènes ; B. Lavernhe est à hurler de rire et se
paie le luxe de tirer joliment la couverture à lui lors
de quelques moments délirants, véritables ôdes
à l'amitié. F. Civil est décidément
à l'aise dans absolument tous les registres et sa composition
ne peut laisser de marbre ; J. Japy est tout simplement touchante.
Au-delà d'un film particulièrement hilarant, la
richesse des thématiques fédère et emporte
notre adhésion : le scénario ne laissant jamais
de côté de multiples et passionnantes réflexions.
Réflexion sur la célébrité, puisque
les rôles sont inversés, dans tous les sens du
terme (l'écrivain prétentieux et odieux Vs la
pianiste accessible et gentille), réflexion sur l'amour
qui va bien au-delà du principe sus-cité : reconquérir
l'être aimé c'est un peu le quotidien des amants,
afin qu'ils ne laissent jamais faiblir la passion et jamais...
ne s'oublient. Le film met également en avant deux notions
fortes et tout aussi passionnantes : celle du destin / des âmes-soeurs
qui de toutes façons finissent par se retrouver et s'unir
; et celle de l'amour plus fort que tout. Plus fort qu'une célébrité
parfois destructrice et même plus fort que soi-même
; c'est ce que me parait nous dire le fin mot de l'histoire...
De même il me parait guère innocent que l'un des
personnages secondaires ait la maladie d'Alzheimer ; et Dieu
sait qu'il est émouvant, aujourd'hui, de voir Edith Scob...
Notons enfin que la musique y est parfaite pour souligner chaque
séquences et que j'ai été tout particulièrement
sensibles à ces nocturnes ocres.
H. Gélin poursuit une filmographie impeccable avec ce
film riche, intelligent et qui aurait mérité amplement
de figurer parmi les plus gros succès annuels.