Mettons les choses au clair : j'ai vraiment beaucoup aimé
ce film. On a un vrai couple de cinéma, un humour qui
traite des problèmes de fond, un ton auteurisant mais
jamais chiant et un regard sur le monde d'aujourd'hui qui m'interpelle.
Mais alors je voudrais que l'on m'explique ce parti pris visuel,
vous savez le côté "épuré"
qui me rappelle plus n'importe quel téléfilm /
soap opera France 3 que les films d'Ozu ? Sincèrement
c'est une abomination et j'en suis désolé.
Donc : on part de ce vieux débat entre école privée
/ école publique et on en profite pour dénoncer
une société à deux vitesses, celle des
plus riches et celle des plus pauvres, avec un vilain fossé
au beau milieu, fossé de plus en plus difficile à
combler... Une société qui laisse les pauvres
dans leur merde, qui rend les nantis encore plus riches parce
que l'école ne joue plus son rôle d'ascenseur social.
Mais comme elle n'est pas la seule coupable, le film développe
intelligemment sa thématique.
Ca devient une oeuvre touche-à-tout, qui va à
200 à l'heure, où tout y passe : la religion,
l'intégration et la mixité, l'éducation,
les préjugés, le choc des cultures, la vie dans
quartiers, le rôle des parents, le couple..etc. Avec en
parallèle le glissement de cette société
vers un racisme latent... Jamais manichéen, très
riche et frontal, toujours avec quelques rires tendus, mais
débordant de bonne humeur et d'éclats de rire
sincères et réfléchis. Un très beau
film sur la banlieue avec en conclusion l'hilarant, le subtil,
le brillant diatribe sur le voile islamique ; à faire
écouter à tous les populistes, obtus, égocentriques
et aveuglés par leur manque de distanciation et de réflexion.
D'ailleurs tous les dialogues sont globalement pertinents ("Maintenant
à l'école laïque, tout le monde croit en
Dieu").
Ajoutons des personnages parfaitement croqués : la prof
qui colle littéralement aux textes, le père ex-rebelle
plus intolérant qu'il ne le croit, le dirlo dépassé,
belle-fille. Et une très belle mise en musique.