L'affaire Dreyfus ? L'affaire Picard.
L'histoire de l'Histoire où comment, dans une France
de la fin du XIXeme siècle ouvertement antisémite
et raciste, se monte une affaire, imprécise, fragile,
expédiée et de toutes pièces édifiée.
Et l'on en voit d'autant plus ses conséquences à
travers le récit du colonel Picard, celui-là même
qui fit tomber le fameux capitaine, par le prisme de son emploi
au renseignement et, par la même, à travers le
démantèlement du dossier, pièce par pièce,
consécutivement à la réhabilitation de
Dreyfus. J'accuse prend position et démontre
que les intérêts de l'armée, de la nation,
passent par dessus tout, il témoigne combien, encore
une fois, cette vieille histoire est toujours aussi tristement
moderne. Et le film décrit parfaitement le fonctionnement
dudit renseignement français d'époque, la façon
dont il protège les intérêts de l'état
et s'emploie à faire chuter les traîtres à
la République.
Le scénario est un peu fébrile dans sa première
moitié, diluant le propos et faisant mentir le titre
de l'œuvre. Puis le film se fludifie, se décante,
s'intensifie et finit par nous captiver.
De plus il est techniquement flamboyant : depuis le travail
soigné du chef opérateur jusqu'à la réalisation
solide de bout en bout, en passant par des interprétations
impeccables.
Reste la morale soudainement ambiguë de l'œuvre :
on nous parle clairement d'innocents qui vont croupir en prison,
alors des coupables restent odieusement libres... avant que
justice ne soit partiellement faite. Et ce n'est certainement
pas une métaphore ! Mais J'accuse s'avère
être un cri dissonant sur un homme prêt à
aller en justice pour que la lumière soit faite sur la
vérité...