Une première scène scorcesienne dans le fond
et dans la forme : et voici une oeuvre qui ne vous lâchera
plus 3h20 durant.
Le parcours d'un travailleur new yorkais, en flash backs multiples
et variés selon les époques, et ses premiers pas
chez les mafieux. Il y a toute la saveur des films de mafia
du maestro : la montée en puissance d'un homme de main,
l'emprise du milieu ; traffic d'influence, méthodes musclées,
petites arnaques et gros poissons, un monde opaque où
se mêle business, politique et syndicats, lutte de pouvoir
et fraternité. The irishman est surtout
le biopic d'une légende -un biopic à la 3ème
personne-, le récit de la chute de Jimmy Hoffa (voir
également le très bon film de D. De Vito avec
J. Nicholson ) dont les liens flous avec la mafia sont ici gommés
en totalité. Une page de l'histoire américaine,
colorée, éclatante, précise en Diable,
avec son lot de scènes pesées et tendues, et ses
dialogues rutilants qui vous scotchent.
Une perle visuelle réalisée avec l'élégance
habituelle de Martie : maniéré mais divin. Avec
en son point d'orgue un casting monstrueux où se dispute
un Pacino merveilleusement cabotin, un De Niro égal à
lui-même, un Pesci frais comme un gardon et une pléthore
de seconds couteaux. Un pur régal pour les sens puisqu'il
y a tout le cinéma de Scorsese dans cet Irishman : et
il fonctionne sur un espèce de mode ou se marie parfaitement
nostalgie et cinéphilie. La plus belle scène étant
peut-être celle où la fille regarde son père
en silence alors que les infos décrivent un crime odieux
commis la veille. Grandiose.
Et pour une fois les FX sont là pour mieux servir le
récit et éviter de jeunes acteurs peu raccords
ou des maquillages guère convaincants. La cerise sur
le gâteau.