Une entreprise d'aujourd'hui organise des soirées privées
historiques. Et La belle époque de
disserter sur cette lutte permanente et atemporelle entre l'ultra
modernisme tendance et le passéisme paresseux. Avec en
leur milieu, la nostalgie. La recherche illusoire du passé.
Et l'équilibre : comme renouer avec son passé
tout en allant de l'avant dans l'existence.
Bedos croque ses personnages, progresse dans la construction
d'un univers qui lui est propre, un style qu'il avait déjà
esquissé avec Mr
& Mme Adelman, il insuffle une belle énergie
à son film. Visuellement c'est sans doute un peu gratuit
mais tout à fait louable. De plus le montage elliptique
donne à l'oeuvre cette vitesse qui parait nous faire
tourner la tête comme elle le fait à ce dessinateur
qui refuse le monde moderne.
Certe : mais il se trouve que le scénario reste un peu
froutraque, payant alors les pots cassés en son milieu
: la scène Auteuil / Tillier s'éternise, mal contre
balancée par celle entre Ardant et Podalydès.
Le film broute, perd de son tonus et s'enlise en tournant en
rond autour de ses héros. Tout s'étiole lentement
et on décroche faute de pouvoir avancer.
Pourtant Bedos avait également, il me semble, l'ambition
de mettre en abîme le petit monde du cinéma : ce
monde de faux semblants, de rêves faux et de fausse nostalgie.
Certainement pas mauvais, mais certainement pas abouti.
N.B. : La vision après la cérémonie des
César est plutôt... hallucinante : entendre Fanny
Ardant ne pas "regretter une période (les années
70 !) où l'on pouvait se faire violer en toute impunité"
résonne étrangement et met franchement très
mal à l'aise...