Un enfant a disparu. S'installe alors le poids d'un secret,
secret écrit sous la forme d'un drame étalé
sur 15 ans, avec Noël pour épicentre.
Trois jours et une vie est un film sombre
et terrible, possédant une atmosphère dont sont
trop souvent dépourvues les oeuvres d'aujourd'hui. Un
regard. Le film nous brosse à rebrousse-poil en confrontant
un enfant avec la peur, le drame et la mort. Un film dur, qui
laisse des traces et qui, surtout, rebondit formidablement et
nous tient en haleine de la meilleure des façons : il
fait brillamment évoluer son intrigue, passant de la
culpabilité à l'exploit, de l'oubli à l'amour,
du passé douloureux au présent traumatique.
Rare au cinéma, on y retrouve redoutable la thématique
de l'accident de la vie, ces accidents de la vie qui emportent
tout sur leur passage, cette culpabilité qui vous ronge
et détruit peu à peu votre existence au point
de faire de vous ce que vous n'êtes pas. Le thème
de ce passé qui vous poursuit sans fin. Trois
jours et une vie joue parfaitement la carte de l'ambiguïté,
celle d'un héros qui grandit avec un terrible secret,
qui doit apprendre à vivre avec, passant du statut de
victime "innocente" à celle d'hideux salopard
qui peine à trouver crédit à nos yeux.
Un personnage d'une puissance remarquable et un final à
l'ambiguité parfaitement pesée et pesante. J'ajouterai
que les diverses relations qui scellent le (les) destin (s)
des personnages viennent sublimement épaissir un propos
déjà lourd.
Pour aller un peu plus loin que cette intrigue j'ai également
vu dans ce film la métaphore de cette province que l'on
ne parvient pas à quitter, qui vous étouffe (à
l'image de la métaphore de l'assiette, qui est également
celle de l'évasion du carcan de sa culpabilité),
de ces petits villages et de leurs secrets qui finissent toujours
par refaire surface, de leur vie intime qui déteint sur
tout un chacun.
C. Berling est à tomber par terre et ses comparses parfaits
de justesse.