Plutôt que de faire un nouveau film parlant des attentats
de Boston, voir des attentats terroristes en général,
Stronger donne la "parole" aux victimes,
prétendant étudier la façon dont ils se
reconstruisent après un tel choc. Et on ne peut que saluer
cet angle d'approche original. Effort également louable
que de ne pas concentrer tout le film sur la seule rééducation
dans la mesure où l'on risquait de tomber dans les ponctifs
usuels. Sauf que... la victime ne nous touchera jamais, et le
scénario ira se perdre inutilement. D'émotion
il n'y a guère dans ce film dont les scènes sont
toutes aussi ampoulées que rebattues ; les diverses étapes
médicales, le choc familial et personnel, l'adaptation
du corps, la difficulté psychologique et l'utilisation
du statut des victimes. Finalement, brodant quelque part entre
Traque à Boston (qui avait
pour seul avantage de remuer), Un
jour dans la vie de Billie Lynn (la surexploitation de l'héroïsme
jusqu'à l'écoeurement) et Patients
(tellement plus positif et recentré vers une tout autre
humanité), le scénario ne trouvera jamais son
credo. Mais il y a pire que cela : le traitement des personnages
est carrément proche de l'abomination ! Ce héros
malgré lui qui ne cherche qu'à se détruire
tant et plus ne trouvera aucun crédit à nos yeux,
bien malgré notre compréhension de ce qu'il a
vécu ; son personnage ne tient en fait pas la route sur
un écran de cinéma. Il ne nous apitoie même
pas : il finit même par agacer. Tout autant que l'interprétation
de Gyllenhaal qui est sincèrement plombée. Finissons
avec le plus insupportable de l'histoire : la famille du héros.
Famille tuyau de poêle par excellence, quasiment jamais
remise à sa place si ce n'est pas la fiancé, elle
se résume en une seule phrase de dialogue : "Bien
sûr qu'il peut boire de la bière, on ne lui a pas
coupé les c*******". Edifiant. Le rejet du public
américain me parait pour une fois tout à fait
logique et compréhensible.